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Dans l’Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc, un épisode nous plonge dans une réflexion profonde sur la foi et la confiance en Dieu. Les disciples, ayant oublié de prendre suffisamment de pain lors de leur voyage en barque avec Jésus, se retrouvent dans une situation d’inquiétude. Ils n’ont qu’un seul pain pour tout le groupe, et cette insuffisance les pousse à discuter entre eux. Mais Jésus intervient pour recentrer leur attention sur une vérité essentielle : ils n’ont pas à s’inquiéter.

Le Seigneur les met en garde contre le levain des pharisiens et d’Hérode, des symboles d’hypocrisie et de méfiance. Ces paroles semblent, à première vue, déconnectées de la situation matérielle du manque de pain, mais Jésus utilise cette circonstance pour enseigner une leçon bien plus profonde. La question n’est pas seulement matérielle : il s’agit d’une leçon de confiance en la providence divine.

L’importance de la foi au-delà de la logique du monde

Les apôtres, concentrés sur le fait qu’ils n’ont pas assez de nourriture, sont incapables de comprendre le message de Jésus. Il leur rappelle alors les miracles précédents : la multiplication des pains. « Quand j’ai rompu les cinq pains pour 5000 hommes, combien de paniers avez-vous ramassé ? » demande-t-il. Ils répondent douze. « Et quand j’en ai rompu sept pour 4000, combien avez-vous rempli de corbeilles ? » Ils répondent sept. À travers ces rappels, Jésus montre que, avec lui, il n’y a jamais de manque.

Dans la logique du monde, nous serions tentés de blâmer les apôtres pour leur imprévoyance. « Pourquoi n’ont-ils pas pris plus de pains ? », pourrait-on se demander. C’est là une réaction typique du raisonnement humain, qui nous pousse souvent à penser que nous devons tout prévoir, tout contrôler. Cette façon de voir les choses peut même nous plonger dans une culpabilité oppressante : « Tu aurais dû être plus prévoyant, tu aurais dû faire ceci ou cela. »

Mais Jésus ne les réprimande pas pour leur manque de prévoyance. Au contraire, il cherche à leur montrer que l’essentiel n’est pas dans les préparatifs matériels, mais dans la foi en Dieu, qui pourvoit à nos besoins. Il ne s’agit pas de ne rien faire ou de ne pas anticiper, mais de comprendre que, dans les moments où nos efforts semblent insuffisants, Dieu comble nos manques.

Dieu pourvoit à nos besoins

La référence que Jésus fait aux multiplications des pains n’est pas anodine. C’est un rappel que, dans les moments de doute ou d’incertitude, Dieu ne nous laisse pas seuls. « Avec lui, nous n’avons rien à craindre », nous rappelle l’Évangile. Cette promesse divine est au cœur du message du Christ : si nous faisons ce qui est en notre pouvoir, Dieu fera l’impossible pour nous.

Dans la lettre aux Philippiens, au chapitre 4, verset 4, Paul insiste sur cette idée : « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ; je le répète, réjouissez-vous. » C’est un appel à la confiance totale en Dieu. Paul nous exhorte à ne pas nous inquiéter pour l’avenir. Dans cette même épître, il nous encourage à présenter nos besoins à Dieu avec foi, sachant que « la paix de Dieu, qui dépasse tout ce que l’on peut comprendre, gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus-Christ » (Philippiens 4:6-7).

Le possible pour nous, l’impossible pour Dieu

Face aux préoccupations quotidiennes, Jésus nous invite à une approche différente : faire ce qui est à notre portée tout en laissant l’impossible à Dieu. Ce principe spirituel est un pilier fondamental pour vivre avec sérénité. Il nous apprend à ne pas nous soucier de ce que nous ne pouvons pas contrôler, mais plutôt à nous concentrer sur ce que nous pouvons faire ici et maintenant.

Jésus, dans l’Évangile de Marc, ne demande pas à ses disciples d’être irréprochables dans leur organisation matérielle, mais plutôt de reconnaître que Dieu est souverain même dans leurs faiblesses et leurs insuffisances. « À nous le possible, à lui l’impossible », telle est l’équation divine. Nous sommes appelés à agir dans notre humanité, tout en ayant la certitude que Dieu réalisera ce qui dépasse nos capacités.

La foi pour aujourd’hui

En conclusion, l’appel de Jésus à ses disciples est une invitation à vivre dans la confiance pour aujourd’hui. Il ne nous demande pas de prévoir toutes les éventualités pour demain ou de nous angoisser pour l’avenir. Comme l’a si bien exprimé sainte Thérèse de Lisieux : « Juste pour aujourd’hui ». Cette approche de la vie spirituelle est une source d’apaisement et de paix. Elle nous permet de traverser les moments d’incertitude avec la certitude que Dieu est à l’œuvre, même quand tout semble manquer.

L’Évangile de Marc nous enseigne ainsi que la foi est une réponse à l’inquiétude humaine. Ce texte est un rappel constant que, dans les moments où nous nous sentons démunis, Dieu est là pour pourvoir à nos besoins. Il suffit de lui faire confiance, jour après jour, pour aujourd’hui. Amen.